
Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Brazzaville vient de procéder au recrutement de près de 400 nouveaux agents en vue de faire face au déficit en personnel que connait ce grand centre hospitalier du pays.
Quelques bâtiments du CHU de Brazzaville
Parmi ces nouvelles recrues, on compte 264 agents para-medicaux : des infirmiers diplômés d’état, des sages-femmes, des agents techniques de santé, des techniciens auxiliaires de laboratoire ; des techniciens supérieurs de laboratoire et autres. A eux se sont ajoutés les agents administratifs ainsi que les filles et garçons de salle. En ce qui concerne les para-medicaux, le recrutement a été effectué suite à un appel lancé par le CHU. «Le métier d’infirmier étant un métier difficile, nous ne pouvions pas recruter des gens dont nous ne maîtrisions pas des compétences. Voilà pourquoi nous avons pensé qu’il fallait procéder par un test de présélection, au lieu de nous contenter seulement de leurs diplômes. Ce test a connu la participation de près de 1500 candidats. Mais, nous n’avons retenu que les 264 premiers, en rapport avec nos besoins», a expliqué le Directeur Général de CHU, Bernard Ovoulaka. Quant aux filles et garçons de salles, ils ont été recrutés sans test. Par contre, les agents administratifs ont été retenus sur dossiers et selon leurs diplômes et leurs expériences professionnelles.
L’affectation de ces agents dans les différents services se ferra après leur stage rotatif, en cours. Ce stage dépend de la catégorie de l’agent : il dure un à quatre mois selon la catégorie. Bernard Ovoulaka a indiqué que malgré ce recrutement, le déficit n’est pas encore comblé, surtout en ce qui concerne le personnel de salle. Mais, vu que ce recrutement a été fait en tenant compte de l’enveloppe budgétaire, la direction générale du CHU ne pouvait pas aller au-delà de ce nombre. «Nous tenterons de négocier avec le gouvernement. Si l’enveloppe budgétaire est vue à la hausse en 2014, nous étudierons les possibilités de procéder à un autre recrutement. Mais, cela n’est pas vraiment évident, parce qu’il faut éviter d’être par la suite incapable de faire face aux droits des agents», a souligné le DG du CHU.
Après le recrutement, le professionnel médical a reçu une formation, axée essentiellement sur l’accueil du patient. Initiée par la direction générale du CHU, cette formation a été assurée par Communica, un cabinet conseil en relation-client, en collaboration avec la direction des soins infirmiers du CHU. Plus de 300 dossiers, sur un total de 1.500, ont été admis à cette formation, qui vise à améliorer l’accueil des services d’urgences du CHU. Pendant, une semaine, sages-femmes, infirmières, laborantins et autres agents para-medicaux ont été instruits sur les techniques et méthodes liées à l’assistance du malade. Ils ont été dotés d’outils nécessaires et pratiques liés à l’accueil afin de limiter le nombre de plaintes des malades au CHU.
«C’est à dessein que nous avons commencé cette formation par l’accueil. Car, les critiques portées sur le CHU ne concernent pas seulement les structures qui ne répondent pas aux normes. Elles concernent également le personnel qui présente ses limites dans l’accueil, dans sa manière d’informer et de communiquer, et qui oublie que l’accueil est le premier médicament. L’accueil et la prise en charge d’un patient constituent les moments propices et attendus tant par le malade lui-même que par sa famille qui l’accompagne à l’hôpital. Ce premier contact du malade avec l’agent de santé constitue déjà le premier traitement : c’est le premier maillon des soins. Il détermine la suite du traitement, c’est-à-dire peut faciliter ou compliquer la suite de la prise en charge du malade. C’est pour cette raison que nous avons commencé par former ces agents en accueil, pour qu’ils comprennent que leur mission au CHU n’est pas seulement d’administrer des traitements aux malades, mais aussi de leur réserver un accueil des plus dignes», a expliqué Bernard Ovoulaka.
Des nouvelles recrues en formation
Le CHU de Brazzaville commence à inspirer confiance
En dehors du recrutement de nouveaux agents et de leur formation, le CHU de Brazzaville est devenu un vaste chantier. La direction générale a décidé de lui redonner son statut d'hôpital de référence du pays. Depuis neuf mois, une intense opération de réhabilitation d’anciennes infrastructures et de construction de nouvelles (imagerie par raisonnance magnétique, hémodialyse, centre de drépanocytose, etc.) a été engagée. Certaines structures sont déjà opérationnelles (dont le bloc opératoire et l'hygiène hospitalière). D’autres le seront dans quelques mois ou années. Bernard Ovoulaka qualifie le CHU d’un «malade qui était alité et qui cherche aujourd'hui à s'asseoir». Les travaux d'envergure dans de services de stérilisation, des soins intensifs de pédiatrie, de néonatologie, d'hémodialyse, ainsi que la construction de l'unité de prise en charge de la drépanocytose, etc., sont réalisés sur le budget de l'État. Par contre, les travaux concernant la réhabilitation du bâtiment de type R+5, du bâtiment qui abritera l'imagerie par résonance magnétique (IRM), l'hygiène hospitalière, et la réhabilitation des urgences médicales et chirurgicales (en attendant la délocalisation des services prévue avec l'État) sont réalisés avec les recettes propres du CHU.
Interviendront prochainement, les travaux concernant la réfection des laboratoires, de la tour chirurgicale, de la tuyauterie de la tour chirurgicale, du bâtiment SMI, du bâtiment de la rhumatologie, du dépôt pharmacie, l’étanchéité bâtiment de la gynécologie, la réhabilitation du bâtiment de la pneumologie, etc. En ce qui concerne la fourniture et services courants, il s’agit de l’acquisition de matériels de stomatologie, de laboratoire, de rééducation, d’urologie, d’ophtalmologie, d’orthopédie, d’ORL, de pneumologie, de psychiatrie, du transport et de chaufferie. A cela s’ajoute l’informatisation des différents services.
Une autre avancée significative est enregistrée au niveau de la disponibilité des médicaments. Un budget d'environ 30 millions de francs CFA est consacré chaque mois à l'achat des produits de première nécessité, en plus des commandes effectuées avec la subvention de l'État. Un effort a été aussi réalisé au niveau de la corbeille d'urgence, c’est-à-dire une mesure qui consiste à administrer les premiers soins aux malades dont l'état est déclaré critique, sans qu'ils aient à payer au préalable les frais d'hospitalisation. Selon Bernard Ovoulaka, cette mesure concerne tous les malades qui arrivent au CHU, mais dont les cas sont appréciés par le médecin.
Le Directeur général du CHU concentre son action autour de trois actions prioritaires. D’abord, faire en sort que les malades qui arrivent au CHU trouvent de bonnes conditions d’accueil. Ces bonnes conditions d’accueil partent des infrastructures jusqu’aux médicaments et la prise en charge, c’est-à-dire que les patients soient accueillis et hébergés dans de bonnes conditions et qu’ils bénéficient d’une bonne assistance des agents médicaux. Ensuite, garantir une fourniture en médicaments essentiels. Autrement dit, que le CHU ne manque plus de médicaments nécessaires à la prise en charge des malades. Enfin, parvenir à la réalisation de tous les projets de réhabilitation des infrastructures, conformément au plan de passation de marché élaboré. «Là, il s’agit d’un processus. Les travaux entamés cette année vont se poursuivre l’année prochaine», a-t-il annoncé.
L’insatisfaction des populations…
Malgré ces efforts qui se déploient au CHU de Brazzaville, les critiques ne manquent pas. Pas plus que la semaine dernière, Joe Washington Ebina, le président de la Fondation Ebina, a fait état d’un enfant malade qui, selon lui, a été chassé du CHU. Pour assister cet enfant, M. Ebina s’est rendu au CHU avec la presse. Le DG du CHU a qualifié ce geste du président de la fondation Ebina «d’un manque de maitrise de l’administration».
«Je respecte beaucoup M. Ebina, pour l’action humanitaire qu’il entreprend dans le pays. Il doit aussi respecter les services publics, donc l’Etat. Concernant cet enfant, il n’a pas eu la bonne information. Il faut qu’il comprenne qu’au CHU, il y a des cadres de grande renommée, des médecins bien formés. L’enfant dont il parle n’a jamais été chassé, comme il le dit ou tel qu’on lui a dit. C’est un enfant qui était hospitalisé et qu’on avait sorti momentanément pour attendre la date de la révision de sa situation. Il s’agit là des informations sûres de la chirurgie infantile. Je pense que M. Ebina s’est fait trompé par les parents de cet enfant qui, certainement, voulant bénéficier de son aide, lui ont fait croire que leur enfant a été négligé et chassé du CHU. Je mets quiconque au défi pour me démontrer que cet enfant a été chassé», a-t-il expliqué.
Le DG du CHU s’est interrogé sur les raisons qui ont poussé M. Ebina à ramener cet enfant au CHU pour lui remettre un don de médicaments, alors que, selon lui, cet enfant a été chassé et se trouvait à la maison. D’un ton ferme, Bernard Ovoulaka a insisté : «M. Ebina doit apprendre à respecter les autres. Il s’est permis d’entrer au CHU avec la presse pour faire filmer cet enfant, sans avoir annoncé au préalable à l’administration de l’hôpital. M. Ebina peut-il accepter que quelqu’un aille réaliser une telle action dans son hôtel sans son avis ? Si réellement il voulait remettre un médicament à un malade, dès lors que ce dernier n’était plus hospitalisé, il aurait pu le faire soit au siège de sa fondation, soit au domicile des parents de l’enfant. Mais, ramener l’enfant et ses parents au CHU, avec la presse, pour faire le don, atteste clairement qu’il y a quelque chose qui se cache dernière l’action de M. Ebina. Je n’ai rien contre lui, je m’insurge plutôt contre son manque du respect pour l’Etat».